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12 Fév 2016 0 Mômes du Monde

Interview de Farida Aouladomar et Nathanaël Vignaud – Propos recueillis par Mômes du Monde.

L’aventure Rencont’Roms nous, comment a t elle débutée ?

Farida : Cette merveilleuse aventure a démarrée en Octobre 2013, dans le cadre de ma reprise d’étude en Master 2 Administration des Activités Culturelles à L’université Toulouse 1 Capitole. J’avais envie de créer un projet innovant qui lierait culture et social. L’idée de faire un projet sur la culture rom a très vite émergée suite au traitement politico-médiatique des populations roms en France et notamment avec l’affaire Leonarda. J’ai proposé le projet à mes camarades du master.

C’est ainsi que Martha et Nathanaël ont rejoint l’aventure et que nous avons décidé à l’issue de notre formation de créer l’association Rencont’roms nous. Depuis, ce sont plus d’une vingtaine d’évènements culturels qui ont été organisés, ce sont aussi des ateliers de sensibilisation à la culture rom dans plusieurs établissements scolaires de la ville qui ont été menés en partenariat avec Amnesty International, et enfin un nouvel axe a vu le jour : l’organisation d’ateliers culturels et artistiques.

Nathanaël : Tout a commencé en novembre 2013 lorsque nous (Farida, Martha et moi-même) étions en Master 2 Administration des Activités Culturelles de l’Université Toulouse 1 Capitole. Nous avions un projet tuteuré à mener, et tous les projets proposés ne nous plaisaient pas. Nous avons donc décidé de monter notre propre projet, avec une volonté de mêler culture et social.

Avec l’affaire Léonarda et l’actualité politico-médiatique brûlante de l’époque autour des populations Roms, nous avons donc décidé (sur proposition de Farida) de mener un projet sur les cultures roms et tsiganes pour prendre le contrepied de cette actualité stigmatisante. Ce qui donna naissance à Rencont’roms nous, dans un premier but de sensibiliser le grand public et de déconstruire les préjugés. Un défi, car nous ne connaissions ni cette culture ni ces populations, et nous n’étions qu’étudiants, sans moyens financiers de départ et sans partenaires. Tout était à construire et à imaginer.

Pourquoi avoir choisi de vous investir auprès de la population Rom’s ?

Farida : La situation des Roms revenant régulièrement dans l’actualité politique et médiatique avec un traitement qui a tendance à donner aux citoyens une image négative et stigmatisante à leur égard*, nous avons souhaité par ce projet contribuer au débat, mais avec un autre prisme : la culture. Nous souhaitions donc aller à la rencontre des populations Roms de Toulouse afin de pouvoir nous faire notre propore opinion et apporter notre pierre à l’édifice en organisant différents événements pour mettre en avant la culture Rom et tsigane, sensibiliser les Toulousains à cette question et ainsi changer les représentations que nous pouvons avoir à leur égard.
* 2/3 des Français considèrent les Roms comme un « groupe à part », sondage réalisé en 2011 par le CSA et commandé par la Commission Nationale

Nathanaël : C’est une question d’opportunité, l’actualité en novembre 2013 s’y prêtait. C’est un peu le mélange de plusieurs facteurs : actualité, besoin de faire un projet étudiant, volonté de lier culture et social. Alors quand Farida m’a proposé de bosser avec elle sur le projet, c’était logique d’accepter. En plus, le défi était énorme, et même utopique.

Et deux ans après, nous ne regrettons pas. Nous avons réussi à mobiliser populations Roms, associations, partenaires, collectivités et à mettre en place un programme d’actions culturelles régulier et pluridisciplinaires, avec événements culturels, ateliers artistiques, un programme d’intervention à l’école … Les objectifs se sont développés et étoffés.

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Les enfants de La Fambère sur la place Saint-Georges de Toulouse lors de l’atelier artistique 1 WORLD.

Très actif sur Toulouse, vos actions sont elles principalement basées en Haute Garonne, ou allez vous aussi à la rencontre de ces populations dans d’autres pays ?

Farida : Pres de 1500 roms originaires de Roumanie et de Bulgarie vivent sur le territoire toulousain. Nous avons concentré notre projet la 1ère année sur le terrain conventionné de La Flambère. Nous étendons chaque année nos actions à d’autres terrains. Ainsi, en 2016, ce sont 4 terrains où vivent les populations roms qui participent à nos actions. Nous aimerions aussi développer des projets avec les pays d’Europe de l’Est où sont originaires les populations roms de Toulouse. Nous avons eu la chance d’être invités par l’association ADICE pour présenter notre projet à la Conférence Internationale « Broaden Horizons – Networks and Experiences for Successful Roma Inclusion » où nous avons pu prendre contact avec de nombreuses organisations européennes développant des programmes en faveur de l’intégration des populations roms.

Nathanaël : Jusqu’à présent, nous n’intervenons qu’à Toulouse, car les habitants Roms sont installées ici. Nous travaillons presque exclusivement avec le terrain de la Flambère, situé à Purpan, où vivent plus de 200 personnes. L’objectif à terme est de faire des ponts entre Toulouse et d’autres pays. Notre participation en novembre dernier à une conférence européenne en Slovénie, réunissant de nombreuses associations et structures, nous a permis de faire beaucoup de rencontres et d’acteurs partenaires potentiels pour des interventions croisées entre France et Europe de l’Est. Nous allons travailler dessus dans les prochains mois pour dessiner un projet d’échanges.

La participation des enfants de la Flambère à notre atelier artistique 1 WORLD, ce mode d’expression par l’art qu’en pensez vous ?

Farida : L’association Rencont’roms nous avait le souhait de développer des ateliers artisitiques à destination des enfants roms à toulouse souvent exclues de toute pratiques artistiques et culturelles en dehors de ceux organisés par les établissements scolaires. L’invitation de Mômes du Monde à participer à l’atelier 1 WORLD et l’enthousiasme des enfants de la Flambère qui y ont participé nous a conforté dans l’envie de développer ce nouvel axe de travail au sein de notre association. Quelques mois plus tard, ce sont ainsi plusieurs ateliers qui ont pu voir le jour : ateliers mixages, théatre, contes, marionettes.

Nathanaël : Nous partageons la même conviction et les mêmes objectifs. L’art et la culture sont facteurs d’émancipation, d’épanouissement et de liberté, vecteurs de lien social et de mixité. L’art et la culture sont partout, ancrés dans notre quotidien, nous chantons tous, nous dansons tous… Les ateliers permettent ainsi de révéler certains talents, de prendre conscience d’un imaginaire inconscient, et quelque part, pour certains de se donner confiance en soi. Toutes ces convictions nous ont donc naturellement conduits à mener un troisième axe d’intervention « Développement des pratiques artistiques » avec l’organisation d’ateliers artistiques et culturels, à destination des enfants en 2015.

Pour les enfants de la Flambère, les ateliers constituent aussi un moment d’évasion, moment où ils oublient leur quotidien précaire pour laisser parler leur talent et leur créativité. Au travers des disciplines explorées en 2015, nous avons constaté des talents cachés et des passions naissantes. Et quand les enfants vous demandent « c’est quand la prochaine fois ? », vous vous dites que toutes vos convictions sont bien fondées et ont un sens.

Qu’avez vous besoin aujourd’hui pour développer votre structure ?

Farida : L’association se professionnalise à chaque nouvelle saison, nous avons aujourd’hui des locaux partagés avec d’autres structures. L’équipe s’agrandit aussi avec l’arrivée de 2 volontaires en service civique et de nombreux bénévoles continuent à nous rejoindre.

La prochaine étape serait de pouvoir salarier une personne afin de mieux suivre les différents projets développés par l’association mais surtout de continuer à nouer des partenariats associatifs, institutionnels et privés en France et en Europe.

Nathanaël : Rencont’roms nous est une petite association, elle a besoin de moyens financiers, humains et bénévoles, mais aussi de temps pour pérenniser et renforcer ses actions, même si nous pouvons faire beaucoup avec peu de moyens. Mais nous travaillons pour.

Merci pour vos actions, votre soutien et votre gentillesse.

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Catégorie Interviews, Solidarité